A chaque fois, un nouveau souffle
L’intelligence émotionnelle est une thématique qui m’inspire depuis de nombreuses années, et rien ne peut me faire plus plaisir que de développer et animer des parcours de formation sur ce thème.
Bien que ce soit un sujet sur lequel j’accompagne des managers depuis une dizaine année, j’éprouve toujours une grande satisfaction à revisiter et actualiser mon approche, tout simplement parce que je ne suis pas la même personne à chaque fois, et qu’il m’est impossible de concevoir et animer ce sujet avec simplement ma « tête ». J’y amène à chaque fois le niveau de conscience où je me trouve à ce moment là de ma vie, et qui va donner son « souffle » à ce programme.
Chaque expérience est un pas supplémentaire vers un niveau de conscience plus élargi, par cela j’entends la capacité à capter un champ plus vaste d’information autour de soi, de les relier entre elles pour accéder à une compréhension plus holistique des phénomènes humains. C’est un chemin sans fin, et à chaque fois que je me réjouis d’un niveau de compréhension plus vaste, je prends simultanément conscience de la vaste étendue de mon ignorance. J’y entraperçois l’immensité des possibilités d’apprentissage qui s’étendent à nouveau devant moi.
De l’intelligence émotionnelle à l’intelligence du coeur
Jusqu’à une époque récente, j’ai toujours abordé cette thématique avec une certaine retenue, habitée, j’en prends désormais conscience, par une croyance limitante : nous sommes dans le monde de l’entreprise, il convient d’aborder ce sujet avec le rationalisme qui sous tend le code implicite des organisations. Il convient de démontrer l’utilité et l’impact de l’intelligence émotionnelle dans les organisations, et de ce fait, de dédiaboliser les émotions, qui implicitement suscitent méfiance et suspicion dans le monde professionnel.
Force est de constater que parvenir à démontrer avec la « tête » les bienfaits du cœur revient à vouloir faire comprendre la beauté, l’intensité et la vérité d’une mélodie en énonçant ses notes de manière phonétique : ce n’est juste pas le sujet.
C’est avec une détermination et une aspiration renouvelée que j’ai repensé profondément les accompagnements en intelligence émotionnelle : le véritable enjeu n’est pas seulement de développer la capacité des managers à exprimer des émotions, il ne s’agit non plus seulement d’en décrypter le fonctionnement, les tenants et les aboutissant, par la grammaire émotionnel. C’est indéniablement utile, mais insuffisant..voire inutile sans un choix personnel préalable : écouter et parler AVEC SON CŒUR. Personne ne peut, à notre place, décider de s’engager dans cette intention. C’est un choix intime. En revanche, il est possible d’aider chacun à se frayer un chemin vers cette attitude intérieure, pour en permettre un accès plus direct et libre. En prenant conscience de toutes les couches qui se dressent en nous et notre cœur « il faut être fort », « la faiblesse se paie cher en entreprise » « la vulnérabilité se retourne contre soi » et en se débarrassant de croyances limitantes « les émotions n’ont pas leur place en entreprise ».
Nous sommes ici dans le monde des permissions.
Écouter et parler avec le cœur, c’est entrer dans un accès direct avec notre humanité, sans passer par le filtre, utile mais limitant, du mental. Celui-ci est nécessaire pour planifier, organiser, structurer, mais pas pour se sentir vivant, pour entrer en relation authentique pour se relier, pour aimer.
L’intelligence du coeur, c’est s’autoriser à retirer lorsque nécessaire ce brouilleur qu’est le mental
L’intelligence du coeur est tout à fait différente de gérer ou réguler ses émotions. Les émotions sont dans le ventre. La colère est une émotion. La peur est une émotion. Elle peut être gérée de manière destructrice ou créatrice. Réguler ses émotions, consiste à découvrir ce « monde du ventre » qui nous fait agir sous le coup des impulsions. C’est aussi comprendre les astuces biologiques et neurologiques pour éviter une gestion compulsive et destructrice des relations : par les techniques de pleine conscience, de respiration, de cohérence cardiaque, de méditation et par les approches cognitives nous permettant de développer de nouveaux traitement de l’information émotionnelle
Écouter et parler avec le cœur, c’est retirer de temps en temps ce brouilleur de fréquence qu’est le mental. Il se détecte facilement : c’est celui qui juge, qui polarise, qui étiquette, qui rejette ou like, qui dit c’est bien ou c’est mal, etc. Le cœur n’est pas équipé de polarité. Il vibre, ou pas. Il se détecte facilement : quand on se sent vivant, c’est le cœur qui s’exprime.
Nous devons donc réapprendre à vibrer, et à reconnaître la vibration comme le cœur même de la vie, celle qui vaut d’être vécue.
En se coupant du cœur pour n’écouter que le mental, nous nous coupons de notre force vitale, perdons goût à la vie, nous replions sur des saveurs artificielles, celles des distractions amenées sans modération par nos écrans, dans une escalade sans fin, car elles nous anesthésient nous coupent de notre vibration vitale.
Retrouver le chemin du cœur, c’est retrouver un accès direct au souffle vital en nous.
Céline Zimero
Comments are closed.