Nous sommes exposés à différentes formes de violences qui dépassent le cadre de la définition classique de l’agression physique, verbale ou psychologique visible et facilement étiquetée en tant que telles. Pour développer un rapport bienveillant au monde, il est utile de prendre conscience de toutes les formes de violence que nous pouvons exercer, et qui s’exercent sur nous.
Je peux évoluer dans une famille dans laquelle mes envies et mes aspirations sont ignorées, minorées ou dévalorisées. J’ai envie de me mettre au dessin, ou de faire du théâtre, ou de me lancer dans l’ouverture d’une boutique de fleur, ouvrir un restaurant, créer des bijoux, écrire un roman, mais je me trouve confronté.e à des regards peu encourageants voire moqueurs ou décourageants.
C’est une forme de violence, qui s’adresse à mes potentialités et qui m’empêche de me réaliser en tant qu’individu unique et créateur.
Dans ma vie professionnelle, je travaille peut-être dans une équipe dans laquelle je ressens des non-dits, je perçois ou entends les commentaires critiques que les uns portent sur les autres. J’exprime à mon collègue ou manager une situation mal vécue, et celui-ci n’y répond pas. Le silence est une forme de violence. Un non accusé de réception de mon vécu intérieur. Les non-dits également.
Dans les organisations, les formes de violences sont multiples. Une d’entre elles, encore largement répandu,e est de mettre en place les conditions de la mise en compétition des personnes.
Lors d’un groupe d’échange réunissant des managers autour d’un futur d’un programme de développement managérial, une participante prend la parole, et partage ce qu’elle exprime comme essentiel à ses yeux, propos encouragés et relayés par ses pairs : marre de la mise en compétition, même sous forme de jeu.
Nous sommes en recherche de lien, de communion, de soutient, d’entraide, de reliance, d’humanité, de cohésion. Nous sentir en contact les uns AVEC les autres, pas les uns CONTRE les autres.
Une époque s’éteint, plus ou moins rapidement selon les entreprises et leurs dirigeants, celle de la mise en compétiton comme fondement du management des personnes. Cette approche correspond à une vision violemment réductrice des êtres humains, qui sont pourtant la vitalité même de l’entreprise, et les enferment dans une vision archaïque et darwinienne. Les femmes et les hommes suffoquent de contrôle, d’exercice du pouvoir, d’attachement statutaire et de vision gestionnaire dans les organisations.
La vitalité des organisations se trouvent dans la réhabilitation d’espace de création et d’initiative, ce qui nécessite confiance et abandon des mécanismes de contrôle qui visent à s’assurer que rien chez l’être humain ne sera imprévisible. C’est exactement le contraire de la vie.
Reste trois choix aux personnes : s’éteindre progressivement, lutter pour faire valoir une idée différente de l’humain dans les organisations, ou partir pour investir un espace professionnel respectueux de leur intégrité.
Mais cette violence peut venir de moi-même. Lorsque que je me juge, me dévalorise, lorsque je me dis que je ne serai pas capable de mener telle projet à bout, lorsque je n’écoute pas mes besoins, j’exerce une forme de violence vis-à-vis de moi.
Je suis fatigué.e, je manque de temps pour moi, j’ai besoin de me ressourcer, de prendre soin de moi, mais je n’ai pas le temps, car j’ai de multiples contraintes familiales, professionnelles et sociales que je dois faire passer avant. J’exerce une forme de violence envers moi-même : je m’envoie le message que je ne suis pas important, que je le suis moins que toutes les personnes et circonstances autour de moi. Je peux le faire de manière altruiste et généreuse, mais le déni de soi aboutit malheureusement souvent à une forme de colère plus ou moins consciente, plus ou moins exprimée ou enfouie, qui assombrit notre rapport au monde, et nous finissons par vivre le monde comme une contrainte. Difficile de développer un rapport à soi, aux autres et au monde apaisé et positif dans ces circonstances !
La méditation nous amène, au cours du chemin, à développer un rapport plus acceptant et bienveillant à soi, fondé sur l’ancrage, la sécurité intérieure, l’accueil de ce que nous sommes dans toutes nos imperfections, mais aussi dans toute notre beauté et puissance intérieures. Elle nous aide à interrompre les voix intérieures qui portent les jugements et l’auto-critique que nous nous infligeons et nous empêche de nous déployer pleinement.
Par la pleine conscience, nous sommes à même d’entrer dans une écoute de nos émotions et besoins sans jugement, avec bienveillance. Être respectueux de ses besoins, accepter de prendre soin de soi, de cesser de se faire violence, permet de développer un apaisement intérieur dont chacun peut bénéficier : soi, et les autres.
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